Cela faisait plus d'un an que j'avais entendu parler de la création de cette organisation appelée  Durham Dance Wave.... Un peu plus d'un an que tous les lundi soir, j'avais l'envie d'y aller et de tester ce concept. Mais pour autant je ne l'ai pas fait. Mais pourquoi donc? Intimidée, peur de l'inconnu, du jugement, du ridicule... J'en avais parlé à un ami qui est danseur professionnel et qui depuis ne manque aucune séance tellement il en tire de bons moments. Mais pour autant, de mon côté, ce désir est resté inassouvi pendant de longs mois. Je me trouvais toujours une bonne excuse pour repousser mais mon inconscient était bien clair: je rêvais beaucoup de danse, et de GRS.

Depuis quelques semaines avec les filles nous avons instauré un temps de danse à la maison. On met la musique et on se lâche. Elles se sont même mises à faire des chorégraphies :-). Nous avons maintenant 2 temps clés dans la journée. Fou-fou time et danse time. Le Fou-fou time est très simple: on se rend toutes dans la chambre à coucher où se trouvent tous nos lits qui se tranforment en tatami. Et nous voilà parti pour 10 mn de séance de catch /bataille de polochon/cris. Un bon moyen de relâcher les tensions de la journée et d'être physique avec ses enfants. Je recommande vivement cette pratique à toute famille qui veut rester saine :-)

Bon je me suis un peu éloignée de mon sujet initial. Mais cette digression par rapport aux filles m'a fait prendre conscience que ces derniers temps, j'avais vraiment ressenti le besoin d'exprimer mes peurs, mes tensions et ma colère par un autre biais que la parole. Récemment, je me suis sentie quelque peu peu découragée par mes séances de réévaluation par la co-écoute. Mon corps a eu clairement envie de s'exprimer. Alors il y a 2 semaines de ça je me suis lancée. J'ai demandé à Matthew de m'amener (ainsi j'ai moins la possibilité de me débiner à la dernière minute...) et nous voilà en route.

Nous arrivons dans une magnifique salle avec de grandes fenêtres et du parquet au sol. Quelques personnes discutent dans les couloirs. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre. Sabine, la Dj de la soirée vient m'expliquer rapidement le concept de Durham dance wave. Ils ont utilisé le terme wave (vague) car la musique commence sur un rythme assez lent puis devient progressivement plus rythmée jusqu'à atteindre un pic pour de nouveau redevenir plus calme. Il y a très peu de règles: on ne se parle pas ; si on veut interagir avec quelqu'un on lui fait savoir par le regard, ou le toucher. On n'a le droit de refuse un contact, et une fois encore il nous faut trouver d'autres moyen que la parole pour le faire savoir. Aucun jugement, aucune honte à laisser parler son corps, possibilité de s'exprimer corporellement en toute liberté et sécurité. Une fois les règles énoncées, me voilà prête à passer 1h30 en compagnie d'une quinzaine d'inconnus. La plupart des gens commencent au sol, à s'étirer, certains ont les yeux fermés. Les premières minutes, je ne peux pas m'empêcher d'avoir un regard inquisiteur sur ce qui se passe dans la salle. Il m'était difficile de me concentrer sur mes propres émotions. Puis au fil des musiques qui s'écoulent, le rythme s'accélère et je me sens de plus en plus à l'aise. La peur, la honte s'estompent et je me permets des mouvements plus amples, et plus osés. Je prends possession de l'espace et cela fait un bien fou! Quelques contacts avec d'autres danseurs mais je réalise que je suis trop dans le contrôle et la peur du jugement alors je retourne dans mon petit monde... Ce sera pour une autre fois. les 1h30 sont passées vraiment très vite. A la fin de la séance je ne sens plus du tout mes pieds. Je me sens totalement vidée et libérée mais tellement heureuse d'avoir dépassé cette peur de l'inconnu et avoir franchi le cap. Je me suis déjà que j'y retournerai très vite! 

J'ai vraiment apprécié le respect mutuel qu'il y avait entre chaque participant. On pouvait remarquer différents niveaux de danse, mais tout le monde avait sa place et était accepté avec ce qu'il avait à apporter. Certaines personnes ont passé leur temps dans le même coin, sans trop bouger, dans leur bulle, et cela convenait bien. Il y avait aussi des danseurs professionnels issus du contact / improvisation et les échanges qu'ils engageaient étaient de toute beauté. Pas de meneur ou de leader, les mouvements étaient entremêlés et fluides. De merveilleuses complicités en mouvements. Matthew, qui fait partie de ces personnes m'expliquait ce qu'il ressentait lorsqu'il obtenait cette connection avec un autre danseur. Ce sont souvent des personnes qu'il ne connaît pas en dehors de la danse mais qu'il connaît parfaitement sur un plan "énergétique", une connection sur un plan spirituel. Et c'est exactement ce type de moment qu'il recherche lorsqu'il participe à ce type d'évènements. Ce fut vraiment une expérience unique.

"Experience authentic self-expression in a safe space free of judgment & instruction. This ecstatic dance event offers an opportunity to explore delicious states of being from stillness to unfettered wildness through self-directed freeform movement in community"