Vendredi 13 novembre 2015, un vendredi de l'horreur...
Ce vendredi marquait la fin du séjour de Opa et Oma à Durham... Leurs aventures américaines allaient se poursuivre en Géorgie chez des amis de longue date. Nous avions prévu de les y conduire et de passer le week end avec eux, avant de reprendre la route le dimanche. Nous sommes donc allés récupérer les filles à l'école un peu plus tôt ce jour-là car nous avions un peu plus de 5 heures de route à parcourir. Le voyage se passe sans encombre; les filles sont plutôt cool (merci les livres audio et la playlist faite pour l'anniversaire des filles!).
Nous assistons à un magnifique coucher de soleil. Le week end dans les montagnes s'annonce merveilleux!
Vers 18h, nous ne sommes plus qu'à quelques miles de notre destination. C'est à ce moment que je reçois un message de nos amis Parham et Nathalie, nous disant qu'ils sont devant leur écran de télé à suivre la situation à Paris. A ce moment là, nous n'avions aucune idée de quoi ils parlaient. Lorsqu'ils nous annoncent qu'une prise d'otages a eu lieu au Bataclan, et qu'il y a déjà des dizaines de victimes, c'est l'effroi dans la voiture. Pas évident de gérer la situation, confinés dans un petit espace avec les filles. Quelques minutes plus tard, mon téléphone se retrouve inonder de messages de soutien et d'amour de la part de nos amis américains. J'ai vraiment été touchée par toutes ces marques d'affection et d'inquiétude. Paris tient une place spéciale dans le coeur des Américains. Beaucoup de familles ont soit eu la chance d'y aller, ou bien ont des amis parisiens ou encore sont juste fascinées par la capitale française. Les réactions américaines face à cette tragédie ont donc été très vives et poignantes.
Cela en devenait même un peu gênant. En effet, la semaine qui a suivi les attentats, où que j'aille, il suffisait que j'ouvre la bouche pour que l'on devine que je suis française (difficile de se débarasser de cet accent :-) ), et d'un seul coup mes interlocuteurs changeaient de ton et exprimaient leur tristesse face à cette tragédie. "Are you ok? are your family and friends ok? " Du caissier au supermarché, aux parents d'élèves à la sortie d'école, aux voisins de notre quartier, leur réaction était identique.
Bien que touchée par tous ces messages de soutien, je me suis sentie quelque peu mal à l'aise par rapport à tout l'intérêt que les médias sociaux, journaux ont porté à ces attaques. Paris est une ville tellement emblématique pour tant de gens dans le monde, que cela a en quelques sorte "effacé" ce qui se passe ailleurs dans le monde. Malheureusement, de telles attaques arrivent presque tous les jours dans des villes qui ne sont pas aussi "prestigieuses". Les médias et la presse ne couvrent pas ces tragédies de la même manière et les aides déployées pour les familles en détresse sont minimes voire quasi inexistentes. Je me suis si sentie privilégiée d'être née dans cette partie du monde, un monde qui semble tellement inégalitaire :-(
Notre week end dans les montagnes a donc été teinté de tristesse, colère, et incompréhension. Cela dit, cette escapade fut une bonne chose pour les filles. Nous avons été accueillis comme des rois chez Penny et Don. Et le temps d'un week end, c'est comme si elles avaient bénéficié de 2 paires de grands-parents :-) Elles ont été chouchoutées et sont restées dans leur bulle enfantine, ne se doutant pas des atrocités de ce monde.
Les réactions américaines ont été vives. Certaines m'ont vraiment choqué. Comme cette image ci-dessous postée sur Facebook...
Plus de la moité des Etats Américains refusent d'accueillir des réfugiés syriens. Un article à ce sujet ici.
La politique guerrière des Etats-Unis reste encore bien présente ici. Cela dit ne généralisons pas car beaucoup d'américains sont pacifistes et ne s'identifient aucunement avec la politique de leur pays. A l'approche de Thanksgiving, l'une des fêtes les plus appréciées ici, beaucoup de familles cherchent à mettre du sens sur tout cela et à ne pas répondre à la violence par plus de violence.
“The ultimate weakness of violence is that it is a descending spiral begetting the very thing it seeks to destroy, instead of diminishing evil, it multiplies it. Through violence you may murder the liar, but you cannot murder the lie, nor establish the truth. Through violence you may murder the hater, but you do not murder hate. In fact, violence merely increases hate. Dr Martin Luther King