Une année scolaire 2016 / 2017 remplie de challenges
C'est la 2ème année que les grandes sont dans le système scolaire américain traditionnel, et j'ai pu encore plus prendre conscience des difficultés rencontrées. La Caroline du Nord n'est pas réputée pour la qualité de son système éducatif. Beaucoup d'enseignants décident d'enseigner dans d'autres états tellement les conditions de travail sont mauvaises. Très peu de moyens, et de considération, et pour une paye misérable. Il y a d'énormes disparités entre les écoles mais de manière générale, c'est la tendance.
L'école où les filles sont (EK Powe Elementary school) a beaucoup évolué au fil de ces dernières années. Elle est passée du statut d'école de quartier à éviter à école convoitée, et ce grâce à la volonté de quelques parents habitant dans le quartier qui ont décidé d'y mettre leurs enfants et de s'investir dans la vie de l'école. Quelques années plus tard, EK Powe est devenue l'école qui se fait le plus entendre lorsqu'il y a des batailles à mener (et dieu sait qu'il y en a). Nous avons la chance d'avoir une excellente association de parents d'élèves, très active. Et c'est sans conteste une composante majeure d'une école qui fonctionne bien.
J'avais déjà un peu parlé du PTA dans un précédent article sur l'école et le rapport à l'argent ici. L'association dépense en moyenne $100 par élève. Elle essaie de collecter cette monnaie de différentes manières: en demandant directement de l'argent (pas toujours facile à faire mais c'est assez courant et récurrent!), par la vente de livrets de coupons d'achats dans différents magasins du coin, par des partenariats avec des grandes enseignes (comme Kroger, Harris teeter, Amazon, Box tops), par des programmes comme Dine out (chaque mois, un resto offre une partie de ses recettes à l'école si les famille de l'école viennent manger dans le restaurant)
Le budget de l'association est en moyenne de 40 000 $ par an. 40% de cet argent provient du carnaval de l'école! Big deal!! Le carnaval de cette année était vraiment chouette. Voici quelques photos:
Fabrication de fidget spinner! Je ne sais pas si c'est aussi populaire en France, mais ces petits gadgets on fait fureur en cette fin d'année. La directrice de l'école les a d'ailleurs interdits car cela distrayait trop les élèves en classe et cela devenait même dangereux, provoquant des coupures.
Silent auction avec de nombreux offres proposées par des commerçants locaux ou des business de parents.
Dunk Tank, l'une des attractions les plus populaires ! Rien de mieux que de voir ses professeurs préférés tomber à l'eau!
Miam miam barbe à papa!!
Lancer de papier toilettes
Cette année, des parents ont été très créatifs et ont proposé un partenariat avec le magasin de donuts Monuts juste en face de l'école. Une création spéciale durant tout le mois de Mars. 2$ le donut à l'effigie de Powe , et 1$ reversé pour l'école. Plutôt cool!
L'autre initiative devenue populaire est le Pocket change. Chaque famille essaie de collecter le plus de petites pièces éparpillées un peu partout à la maison (1cent, 5 cent...) et à la fin du mois on collecte toute la monnaie. $900 ont été collectés ainsi! Un bon petit butin.
Une nouvelle initiative cette année fut 3 sorties patins à roulettes organisées à Wheels family fun. Tous les frais d'admission étaient reversés pour l'école. Les filles ont adoré pouvoir patiner avec leur amis et enseignants. De bons moments de rigolade.
Et puis les 5th graders chaque année créent une comédie musicale de qualité pour financer un voyage à Washington DC. Cette année ce fut Charlie et la chocolaterie. Un spectacle de grande qualité qui a attiré de nombreuses familles.
Heureusement que nous avions un PTA solide, avec des parents vraiment engagés car les actualités n'ont pas été très réjouissantes, ni en faveur d'une valorisation du système éducatif. L'élection de Donald Trump a provoqué une grosse onde de choc dans l'école et les messages comme ci-dessous ont afflué à l'entrée des salles de classe. Je me souviens encore du jour de la Saint Valentin, où toute l'école avait fait un effort pour montrer leur soutien et amour inconditionnel à tous les élèves. J'en avais parlé ici.
A la fin de l'année, nous avons reçu une note de la directrice expliquant la différence entre les services de police et les services d'immigration, donnant la marche à suivre si les services d'immigration sonnent à nos portes. Elle y expliquait quels étaient nos droits et quels sont les papiers que l'on doit avoir en permanence sur soi. De savoir qu'il y a des dizaines de familles dans l'école dans une situation migratoire précaire donne le cafard.
Problèmes d'immigration et aussi problèmes de financement et d'effectifs de classes... Peut être avez vous entendu parler de la loi HB13 ? Il s'agit d'une loi qui est en passe d'être votée pour diminuer les effectifs de classes des K-3rd grades. L'article ici explique bien la situation (désolé c'est en anglais). Pour résumer le problème de cette loi c'est qu'il n'y aura plus de financement pour payer les enseignants appelés "spécialistes" (ceux qui enseignent musique, sport, art...). La mobilisation à Ek Powe a été sans demi mesure avec une incitation à passer d'innombrables appels téléphoniques aux élus de la ville et de l'état, manifestations devant les bureaux des élus, assistance aux réunions municipales pour se faire entendre... Bref, comme vous pouvez le voir ce ne sont pas les problèmes qui manquent!
Pour finir sur une note d 'espoir et de joie, nous avons voulu marquer la fin de l'année et célébrer à notre manière tous les parents qui se retrouvaient tous les jours dans la file d'attente pour récupérer leur enfant à la sortie des classes. C'est parti d'une petite blague où l'on se disait que cela pouvait être sympa de se faire servir des petits hors-d'oeuvres en attendant notre marmaille. Une semaine plus tard, nous avons joué le jeu et c'est donc en tenue de serveur que nous avons accueillis les parents incrédules avec petits-fours, fruits, boissons pétillantes. Une petite attention bien appréciée des parents. Ce sont de petits actes de gentillesse comme ceux-ci qui parfois font la différence et nous rappelle qu'à notre échelle on peut faire bouger les choses.