La Saint Valentin... Le business commercial qui suit les fëtes de Noël. Une affaire très juteuse qui ne se limite pas à couvrir de cadeaux son amoureux. Ici on célèbre tous les types de relations: amoureux, famille, amitiés, collègues de boulot. ça en fait du monde! Les rayons de bonbons et chocolats sont quasiment doublés dès le 26 décembre. Les filles ont reçu une carte géante de notre voisine du dessous.

Elles ont dû aussi confectionner quelque chose pour chacun de leurs camarades de classe. Elles sont rentrées de l'école avec chacune un sac rempli de bonbons et sucreries en tout genre (Nous avons toujours les stocks d'Halloween qu'elles n'ont pas fini d'écouler). Je reste toujours un peu choquée par la  mauvaise "qualité" des bonbons ici. Les chocolats notamment ne valent vraiment pas nos chocolats provenant d'Europe. Je suis aussi sidérée de savoir que la composition de bonbons vendus dans le monde entier dépend du pays dans lequel on les vend, suivant la législation en place. Par exemple pour n'en citer qu'un: les fameux M&Ms. Ceux vendus aux Etats-Unis comportent des types de colorants qui sont interdits en Europe :-( . Il m'est difficile de voir les filles manger ceci sans avoir une pointe de colère.

En ce qui nous concerne, nous n'avons pas spécialement célébré la Saint Valentin. Je n'avais pas calculé cela mais plusieurs semaines auparavant, je m'étais portée volontaire au sein de notre communauté à ERUUF (l'église que nous avons commencée à cotoyer cet été) pour aider à la préparation d'un repas, dans un foyer de sans abris à Durham. Il s'agit de l'association Urban Ministries. Cela tombait le soir de la saint valentin. Je me suis donc retrouvée avec 8 autres ERUUFIens avec pour but de concocter un bon diner pour 250 personnes! Et nous avions 2 heures pour faire cela. J'ai donc fait ma première expérience en cuisine collective, munie de mon couteau de cuisine. Je ne sais pas combien de kilo de légumes j'ai épluché et coupé durant ce temps. Mais tout ce que je peux dire c'est que 2 semaines après cette aventure, j'ai toujours une ampoule sur ma main! Je me suis rendue compte à quel point il était difficile d'évaluer les proportions dont on avait besoin. Au menu: sloppy joe (plat typiquement américain à base de viande hâchée, sauce tomate, légumes) avec du riz blanc, salade de fruits, cobbler aux bleuets ( une sorte de crumble). Les 2 heures en cuisine sont passées à toute allure. Ce n'était pas toujours évident pour moi de travailler avec des produits pas toujours optimum pour la santé (j'ai du ouvrir une trentaine de paquets de mie que je devais émietter pour le cobber - je pouvais presque faire tenir tout le paquet dans la paume de ma main, lorsque j'écrasais le paquet....hum, c'est un peu suspect!)18h approche! Il est temps de passer au service. Une longue file d'attente s'est déjà formée. Je joins 3 autres bénévoles pour servir les repas, comme au self des cantines scolaires! Et pour être honnête, je pense que je ne m'étais pas vraiment "préparée" pour cette partie. En fait je crois que je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Au final, j'ai eu très peu d'échanges avec les personnes. Juste un bonjour, souhaitant parfois une joyeuse st Valentin, mais ça en restait là. Je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir gênée face à ces inégalités sociales que l'on pouvait facilement identifier rapidement à nos couleurs de peau. Les blancs au service de la population afro-américaine. Il y avait une sorte de hierarchie, de relation de supériorité qui me dérangeait. Je voulais être en mesure d'aider mais avec le désir de me retrouver d'égal à égal avec ces personnes (avec l'idée qu'elles m'apportent quelque chose autant que je leur fournis mon soutien) et cela ne s'est pas vraiment passé ainsi. Je suis contente d'avoir vécu cette expérience mais je pense que la prochaine fois, je vais affiner ma demande et réfléchir un peu plus à la manière dont je veux offrir mon aide pour que je puisse me sentir plus enrichie.